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A géométrie électorale

RECORD. Votre infolettre espère que votre passage dans l’isoloir a été plus calme qu’à Nice. Un assesseur, qui contestait la composition du bureau, en est venu aux mains avec son président à l’ouverture, raconte Nice Matin. Le maire, Christian Estrosi, s’est empressé d’Xer que l’assesseur aurait été désigné par Eric Ciotti. En tout cas, ces législatives devraient enregistrer une participation record : à 17 heures, elle s’élevait à 59,39%, soit vingt points de plus qu’en 2022 à la même heure. Du jamais-vu depuis 1978, à l’exception du scrutin de 1986 qui s’était déroulé à la proportionnelle à un tour. 
Suivez la soirée électorale, en temps réel, sur le direct de POLITICO.
Au menu du jour : 
— Le RN pense déjà à la suite.
— Le crépuscule de la Macronie.
— Stratégie de second tour : 48 heures pour trancher.
**Un message de EFPIA : Les dirigeants de l’UE ont souligné l’importance pour l’Europe de retrouver son avantage concurrentiel et sa résilience. Les défis géopolitiques, sociétaux, économiques, sanitaires et climatiques soulignent la nécessité d’une stratégie de compétitivité pour les sciences de la vie européennes pour assurer la place de l’Europe comme acteur mondial.**
MAJORITY REPORT. Privée de déclarations et autres petites phrases dominicales, jour de vote oblige, votre infolettre a trouvé de quoi grignoter dans la presse, qui fourmillait sans surprise ce matin de détails sur le façon dont chaque camp prépare la suite.
La barre moins haute. Vous vous en souvenez, Jordan Bardella ne voulait pas de Matignon sans majorité absolue de 289 députés à l’Assemblée. Mais le RN compte sur de nouveaux ralliements. Si bien que la garde rapprochée de Marine Le Pen estime désormais qu’à partir de 270 élus, le coup est jouable, et l’a acté lors d’une réunion stratégique mercredi, écrivait La Tribune Dimanche ce matin.
Mercato toujours ouvert. Jordan Bardella compte en effet recruter 30 députés de plus après le second tour, selon l’hebdo. Outre deux ex-Liot avec qui des discussions sont en cours, le RN estime que le vivier LR n’est pas épuisé. Eric Ciotti, dont le ralliement n’a à l’évidence pas entraîné la grande fuite espérée par les lepénistes, aurait renoué avec d’anciens coéquipiers des Républicains, selon ses propres dires.
Allez viens, on est bien. Pour mieux attirer les ex-LR, Ciotti pourrait disposer de son propre groupe à l’Assemblée (il faut au moins 15 élus), envisage-t-on au RN. “Ce sera notre Horizons”, commentait dans La Tribune Dimanche un député RN sortant, en référence au parti d’Edouard Philippe, allié d’Emmanuel Macron.
Casting en cours. En parallèle, le RN continue de travailler à la composition de son futur gouvernement. Jordan Bardella s’est entretenu cette semaine avec des candidats potentiels. “Parmi eux, des conseillers d’Etat, des polytechniciens, des préfets et des administrateurs”, selon le JDD du jour. “Sinon les gens diront que c’est ‘l’Etat-RN’”, justifiait ce matin un baron lepéniste dans La Tribune. 
Difficultés de recrutement. Votre infolettre y voit aussi une autre raison : le RN manque de bras, ou en tout cas de figures solides et expérimentées, pour occuper l’ensemble des portefeuilles ministériels. En fin de semaine, Le Figaro entre autres s’intéressait à “la quête laborieuse” de Bardella pour trouver un “ministre des Finances crédible”.
Intox. Le nom du banquier d’affaires sarkozyste et ancien patron de presse Philippe Villin circulait pour Bercy, mais l’intéressé dément avoir été approché ou même être intéressé, dans La Tribune Dimanche. Un proche de Le Pen réagit aussi anonymement au nom de l’avocat Thibault de Montbrial (qui a proposé ses services pour l’Intérieur, comme Playbook vous l’écrivait vendredi) : “Il n’y a que lui qui y croit.”
Au rayon des ministrables, le JDD avance encore les noms de l’eurodéputé et ancien patron de Frontex Fabrice Leggeri pour la Place Beauvau, un homme qui se serait bien vu commissaire à Bruxelles, comme on vous le racontait cette semaine, de l’ancien député Jean-Paul Garraud (pour la Justice) ou encore du haut fonctionnaire Xavier Driencourt (Quai d’Orsay).
MAL BARRÉS. S’il espère éviter la débâcle, le camp Macron, qui comptait 169 députés avant la dissolution, sortira dans tous les cas fortement rétréci, essoré même, du scrutin. Gabriel Attal, en lice comme 23 autres ministres, prendra la parole au QG parisien de Renaissance dans la soirée. Puis, le gouvernement se réunira autour d’Emmanuel Macron demain midi à l’Elysée.
Au crépuscule. En attendant le premier bilan, la presse revient ce week-end sur l’ambiance “fin de règne” (Le JDD) qui prédomine en Macronie et sur les trois semaines qui furent “fatales” à la majorité présidentielle (Le Parisien). Elle “va basculer dans un monde qu’elle n’a jamais connu : celui de l’opposition”, cinglait La Tribune Dimanche, quand Le Figaro évoquait la résignation des futurs perdants.
Solo(s). Au centre du jeu, Emmanuel Macron. “Après le 8 juillet, plus personne ne lui devra rien”, anticipait hier un cadre de la campagne dans Le Parisien, pour qui le président “va être très, très seul, institutionnellement et politiquement”. Ce ne sera pas beaucoup mieux à l’Assemblée nationale, anticipe déjà le sénateur centriste Hervé Marseille dans La Tribune : “Il n’y aura plus beaucoup de foin à se partager, ça va être pain sec et eau froide.”
Limiter la casse. S’ils ont déjà siégé dans l’opposition, comme le rappelle l’hebdomadaire, Edouard Philippe et François Bayrou espèrent toutefois limiter l’érosion de leurs troupes. Le président du Modem a tout de même été pris de vertige, au moment de sortir sa calculatrice. Son hypothèse : passer de cinquante députés à, au mieux, dix-sept.
Cours de claquettes. Les ministres ont une date qu’ils voudraient rayer de leur calendrier, celle de la passation de pouvoirs en cas d’arrivée à Matignon de Bardella. Selon le quotidien précité, Bruno Le Maire, à qui cela “arracherait la gueule” de devoir “tendre la main”, n’exclurait pas de bouder la cérémonie.
PAS CONFIANT. Si elle se place en deuxième position dans les sondages d’intentions de vote, l’alliance de la gauche et des Ecologistes reste loin derrière le RN et en dessous de son total cumulé des européennes. Un cadre socialiste résumait ce matin dans Le Parisien : “On en est à espérer que le pays sera bloqué avec trois blocs et aucune majorité franche.” 
Le plus dur est à venir. Ce soir, les regards se porteront d’abord vers des circonscriptions symboliques : celles des frondeurs LFI (Alexis Corbière, Raquel Garrido, Danielle Simonnet, Hendrik Davi), du socialiste Jérôme Guedj ou de François Ruffin.
Nouvelle vie. Ce dernier, que La Tribune a suivi dans sa circonscription, compte bien acter la rupture avec Jean-Luc Mélenchon dès le 8 juillet. Aux électeurs qui le lui demandent, Ruffin répond : “La clarification est en cours. J’ai reçu votre message à 100 %.” Deux issues : s’il perd, il aura tout donné et “n’aura aucun regret” ; s’il gagne, il aura “des choses à dire au pays”.
PIF PAF. Deux marcheurs historiques d’ordinaire discrets ont pris position depuis vendredi contre “la tentation périlleuse du ni RN, ni LFI”, dans les mots du premier, Philippe Grangeon, cofondateur d’En Marche et ancien conseiller spécial d’Emmanuel Macron. “Placer l’extrême droite et La France insoumise, qui n’est qu’une partie de la coalition du Nouveau Front populaire, sur un pied d’égalité, est dangereux”, écrit-il dans une tribune publiée vendredi par L’Express. 
Jean-Marc aussi. Il a été rejoint hier, sur Linkedin, par le patron du groupe SOS Jean-Marc Borello, qui appelle à voter contre l’extrême droite “sans ambiguïté”, “quoiqu’il nous en coûte, et quelle que soit l’alternative”.
Rappel : le sujet a été abordé lors d’une conférence téléphonique mardi autour d’Emmanuel Macron, comme vous le racontait Playbook, sans y apporter de réponse très claire et officielle. A quelques voix près, la future ex-majorité présidentielle penche toutefois en majorité pour le “ni-ni” – et donc une absence de désistement – dans le cas où les deux candidats les mieux placés appartiendraient respectivement au RN ou à La France insoumise. 
Rendez-vous est pris. Une nouvelle réunion entre le chef de l’Etat et les chefs de parti est prévue ce soir pour arrêter la ligne. 
Rappel bis : si la question se pose déjà, c’est que le nombre de triangulaires (voire de quadrangulaires) risque d’exploser ce soir. Pour se qualifier au second tour, un candidat doit avoir obtenu un nombre de suffrages au moins égal à 12,5% des électeurs inscrits dans sa circonscription. Avec l’augmentation annoncée de la participation, “on peut envisager qu’il y ait au moins 250 triangulaires”, a estimé le directeur général d’Ipsos, Brice Teinturier, dans Le Parisien. Dans le JDD, son homologue de l’Ifop, Frédéric Dabi, a dit en prévoir entre 150 et 200. Il n’y en avait eu que huit en 2022 ; le record remonte à 1997 avec 79.
A gauche, écologistes, socialistes et communistes ont annoncé qu’ils se désisteront pour faire barrage quand leur candidat sera en troisième position. “Jamais aucun électeur Insoumis ne donnera sa voix au Rassemblement national”, a déclaré Mélenchon mercredi sur LCI, sans toutefois parler de retrait.
REMPLACÉS. Ce dimanche, Le JDD a choisi de faire sa une avec une interview de Philippe de Villiers – présenté comme le seul haut fonctionnaire à avoir démissionné [en 1981] pour cause de désaccord politique – qui exhorte Macron à “respecter la démocratie”. Noms à l’appui, le journal explique, citant “plusieurs sources au Château”, que Macron serait en train de préparer “un grand chambardement dans les administrations et les préfectures”, notamment à des postes clefs de l’Etat, pour contrebalancer l’arrivée de Bardella au pouvoir.
Recasages. La Tribune, qui a ressorti un document de 2013 où Jean-Marc Sauvé, vice-président du Conseil d’Etat, proposait, devant des élèves de l’ENA, ses conseils pour servir l’Etat sans se soumettre, évoquait aussi ce matin le “vaste mouvement de nominations de hauts fonctionnaires” entamé par l’exécutif, lors du dernier Conseil des ministres, et les changements à venir côté préfets.
SUR ÉCOUTE. Sachez qu’Edouard Philippe a retrouvé son “pote de gauche” : Laurent Cibien. Le Figaro nous apprenait en effet hier que le réalisateur, auteur d’une trilogie sur le maire du Havre, intitulée “Edouard, mon pote de droite”, a posé sa caméra au siège parisien d’Horizons depuis le 12 juin. En vue d’un prochain documentaire sur l’émancipation de l’ancien Premier ministre ?
MARÉCHAL, LA REVOILÀ. Après avoir claqué la porte de Reconquête, Marion Maréchal s’apprête à lancer son propre parti, a appris La Tribune. Son nom ? La France fière, qui était aussi celui de sa liste aux élections européennes. En vue de la recomposition politique, “il y a une logique à ce qu’on construise une force de droite qui puisse avoir des partenaires”, explique son conseiller Philippe Vardon dans l’hebdomadaire.
Aucun invité politique et annulation de la plupart des émissions politiques en raison des élections européennes.
ET AUSSI À LA UNE. Le Parisien : Elections législatives : un scrutin historique … La Tribune Dimanche : Elections législatives historiques : le saut dans le vide … Le JDD : Philippe de Villiers : “Le président devra respecter la démocratie”
Lundi 1er juillet. A Nanterre, à 13h30, ouverture du procès de l’ancienne ministre Michèle Alliot-Marie pour prise illégale d’intérêts. Législatives : les députés élus au premier tour sont accueillis à l’Assemblée nationale.
Mardi 2 juillet. La cour d’appel de Paris se prononce, à 14 heures, sur la demande de prescription de Rachida Dati dans l’affaire Carlos Ghosn … Législatives : les qualifiés pour le second tour ont jusqu’à 18 heures pour déposer leur candidature ou se désister.
Mercredi 3 juillet. Audience, à 13h30, au tribunal judiciaire de Paris pour déterminer si Jean-Marie Le Pen est apte à assister au procès pour détournement de fonds publics européens prévu cet automne … Mineurs isolés : décision en appel pour Eric Zemmour jugé pour provocation à la haine … Législatives : publication des candidatures pour le second tour.
Jeudi 4 juillet. Sénat : présentation du rapport de la commission d’enquête portant sur la production, la consommation et le prix de l’électricité aux horizons 2035 et 2050 … Législatives : débat télévisé sur France 2.
Vendredi 5 juillet. A minuit, fin de la campagne électorale pour le second tour des élections législatives.
Samedi 6 juillet. Second tour des législatives à Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, en Guadeloupe, Martinique, Guyane et en Polynésie française.
Dimanche 7 juillet. Second tour des législatives en France métropolitaine.
— Après les législatives, l’été brûlant de la HATVP (abonnés)
— Von der Leyen et Costa : le nouveau duo à la tête de l’Europe (en anglais)
— Crépuscule de la Macronie : de la disruption à la destruction (Libération)
— Les législatives vues de l’étranger : “Ces élections pourraient être les plus destructrices depuis la guerre” (L’Express)
DOUBLÉ TRICOLORE. Il y a les élections législatives, et il y a le Tour de France, qui s’est élancé hier sur les routes d’Italie – oui, vous avez bien lu. Les coureurs n’entreront dans l’Hexagone, en traversant les Alpes, que mardi. Après la victoire de Romain Bardet hier, c’est Kévin Vauquelin, encore un Français, qui vient de remporter il y a quelques minutes la deuxième étape entre Cesenatico, sur la côte Adriatique, et Bologne.
Un grand merci à : mon éditeur Jean-Christophe Catalon et Pauline de Saint Remy.
(*) Etude réalisée par Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro. Enquête réalisée auprès d’un échantillon de Français interrogés par internet les 26 et 27 juin 2024.
**Un message de EFPIA : Qu’il s’agisse de l’insécurité mondiale, des défis sanitaires, de la concurrence d’autres régions, de la valeur stratégique des sciences de la vie, la position de l’UE comme leader de l’innovation mondiale en soins de santé dépend de sa capacité à s’adapter à la dynamique mondiale. Une stratégie européenne de compétitivité pour les sciences de la vie doit garantir des ressources à l’EMA et au Réseau européen de réglementation des médicaments pour pérenniser notre cadre réglementaire et jouer un rôle important dans l’établissement de normes. Elle doit établir des accords stratégiques sectoriels de libre-échange et de partenariat sur les produits de biotechnologie et de soins de santé avec des pays partenaires pour renforcer la sécurité de la chaîne d’approvisionnement, l’autonomie stratégique et la compétitivité. Elle doit aussi mettre au point des initiatives pour attirer les investissements étrangers. Avec une stratégie de compétitivité, nous pouvons commencer à combler l’écart avec les autres régions du monde.**
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